vendredi 20 avril 2012

Après les élections : notre combat pour demain (version non publiée)

(Une version un peu plus longue et inédite du texte publié par Droite Ligne et publié ci-dessous)


VICTOIRE DES ABSTENTIONNISTES, DÉROUTE SARKÖZYSTE

            Pour la première fois à des élections régionales, le nombre des abstentionnistes (53,7%1 des inscrits) a dépassé celui des votants, révélant la fracture grandissante séparant le pays légal du pays réel. Les abstentionnistes étaient 15,5 millions en 2004 ; 23,4 millions ont été comptabilisés en 2010. Tous les camps politiques ont perdu des voix : 1 516 171 pour l'opposition nationale, 2 630 252 pour la droite du système, 390 730 pour la gauche et 537 029 pour l'extrême gauche.
            Les causes du désastre subit par l'UMP sont innombrables, entre les multiples scandales de la tribu Sarközy et l'échec total du gouvernement en matière migratoire, sécuritaire et économique, la politique anti-française de la HALDE, l'arrogance des grands financiers ou le scandale des pédophiles au gouvernement. Avec ses satellites, l'UMP récolte au premier tour 31,5% des voix, le plus mauvais score de la droite libérale avec les élections européennes de 1999. La tête de liste nationale était déjà Sarközy qui essuie à nouveau un cinglant désaveu personnel. Échec partagé par le gouvernement dont tous les ministres-candidats sont largement battus.
            Avec 50,2% (contre 41,7% en 2004), le succès de la gauche paraît total. Il ne s'agit que d'une victoire en trompe-l'œil. Vote de dépit, obtenu grâce à l'instrumentalisation de la cause écologiste, dernière mystification du système pour leurrer le peuple, ces résultats cachent à peine les querelles de personnes, le poids de l'extrême gauche et les divisions de tous ordres.


LES TENTATIONS INDÉPENDANTISTES

            Les quelques listes indépendantistes et autonomistes totalisent au niveau national moins de 150 000 voix. En Bretagne, allié à l'Alliance écologiste indépendante (où se retrouvent, entre autres, Waechter, Francis Lalanne ou le millionnaire Governatori), le Parti Breton réalise 4,3%, et seulement 2,1% à Nantes. La stratégie de liste commune avec le pourtant très déraciné Cohn-Bendit et Europe Écologie paye pour l'Union démocratique bretonne qui obtient grâce à cette alliance écolo-gauchiste 4 élus.
            Dans le Pays Basque historique, "Euskadi Europan" réalise 6,7% (6 306 voix) (3,1% pour l'ensemble du département des Pyrénées-Atlantiques et 0,7% au niveau régional). La surprise est venue de Corse, où les listes autonomistes et indépendantistes totalisent 27,8% au premier tour. Ce succès est d'autant plus remarquable qu'elles ne réalisaient que 14,9% en 2004 (36 300 suffrages contre 20 600) et fait de la Corse un cas unique en France.
            Une critique fondée peut – et doit – exister à l'égard de la République et de ses méfaits contre la France et ses habitants. Personne cependant ne peut se méprendre sur la réalité que recouvre ces listes. Sous le vernis d'une lutte enracinée, elles obéissent aux mêmes contre-valeurs et faux principes que la République. Au-delà de mesures de bon sens inhérentes à la défense des patries charnelles, leur soumission à la technocratie européenne et leur convergence anti-nationale est édifiante. L'attachement à une terre, aussi sincère soit-il, n'est gage de rien s'il n'est pas intégré à un ensemble de principes et de valeurs à même d'en éclairer l'origine et d'en assurer l'avenir.


L'ÉCHEC "IDENTITAIRE"

            La stratégie du Bloc identitaire s'est achevée à Nice dans ce qui aurait du être l'élection phare de ces "régionalistes". Unis avec Bompard dans une liste dont il prétendait être le moteur, "Nissa Rebela" n'obtient dans le Comté de Nice historique que 3 000 voix. Avec moins de 2,3% des suffrages exprimés, il s'agit d'un résultat inférieur même à la moyenne régionale de cette liste. Dans ce même Comté, le FN dépasse lui les 23%.
            L'échec est plus terrible encore en Languedoc-Roussillon où Richard Roudier végète à 0,68%. Rallié à l'identitarisme, Alsace d'Abord perd de son côté plus du 3/5e de ses voix en 6 ans, tombant sous la barre des 5%.


L'OPPOSITION SOCIALE ET NATIONALE

            Au sein de la droite nationale, les listes hors Front national obtiennent des fortunes diverses, aucune ne dépassant les 4%. Pour le Parti de la France, Fernand Le Rachinel recueille 3,7% en Basse-Normandie et Jean Verdon 3,6% dans la région Centre. Les autres listes, sous la bannière « Non aux minarets » (Mouvement national Républicain, PDF et Nouvelle droite populaire) ou Parti de la France seul, obtiennent 3% en Lorraine, 2,5% en Franche-Comté, 2% en Picardie, 1,5% en Haute-Normandie et 0,7% en Languedoc-Roussillon. L'hétéroclite combinaison autour de Bompard totalise 2,7% en Provence-Alpes-Côte-d'Azur.
            L'échec des sondeurs à quantifier le vote Front national est à nouveau apparu au grand jour. Si en 2007 le score d'un Front national déstabilisé par une stratégie chaotique avait été surévalué de 3 à 6% par les sondeurs2, il s'est révélé en mars dernier supérieur de plus de 2% par rapports aux derniers sondages3.
            Nous devons nous réjouir des résultats du Front national, enterré bien vite par les médiats et l'establishment politique. Il réalise 11,4% au premier tour et des résultats significatifs dans plusieurs régions, les plus touchées par la crise, l'immigration et la criminalité, ces mêmes régions où se retrouvent les plus forts taux d'abstention. Élément notable, rapporté aux situations et traitements politiques, socio-économiques ou médiatiques bien différents de ces régions : comparé aux élections présidentielles de 2007, le parti à la flamme ne réalise en 2010 un meilleur pourcentage que dans 7 régions, et trois seulement à un niveau conséquent : la région Provence-Alpes-Côte d'Azur avec Jean-Marie Le Pen (+6,4), le Nord-Pas-de-Calais (+3,6) et en Rhône-Alpes, où Bruno Gollnisch fait progresser le pourcentage du Front de 3,5 points.


NATIONAL SOCIAL ET RADICAL

            Il est primordial de tirer les enseignements de ce scrutin et des évolutions de ces dernières années. Jamais le Front national n'avait obtenu aussi peu de voix à une élection régionale : nous perdons 1 340 259 voix par rapport à 2004, 1 047 886 par rapport à 1998, 1 147 824 comparé à 1992 et même 429 700 comparé à 19864. Ce constat apparaît d'autant plus accablant que la situation politique, morale, sociale, sécuritaire et économique subie par les Français est terrible. Conséquence de la forte baisse des résultats par rapport à 2004, le nombre de sièges attribués au Front national tombe de 156 à 118.
            Multiplications des petits partis, fuite des militants, des adhérents et des cadres, cristallisation des positions sur les aspects les plus futiles : le système rend fou ceux qu'il veut perdre quand nos efforts devraient se concentrer contre lui. La droite nationale ne fera pas l'économie d'une clarification générale et le choix dépasse de loin celui d'un candidat à une élection, fut-elle présidentielle. Ce qui doit être déterminé, ce sont des méthodes de fonctionnement, de communication et d'engagement, c'est le choix des hommes et des valeurs qui nous guident, ce qui relève du discutable et ce qui est irrévocable.
            Les périls sont tels que l'union de ceux qui veulent poursuivre l'édification de notre nation est impérieuse. Elle se réalisera autour d'un programme et de principes qui ne changent pas au gré de modes ou de sondages et d'hommes qui ne courent pas après les leurres jetés par le système pour les éloigner toujours plus de la racine du mal. Ceux qui se complaisent dans l'autosatisfaction permanente peuvent se réjouir quoi qu'il arrive, fausse victoire électorale après fausse victoire médiatique. Mais, comme ceux qui croient le système réformable et en adoptent les tares et les vices, ils s'aperçoivent qu'ils se trompent, quand ils ne s'y sont pas dévoyés.

            Plusieurs centaines de milliers d'électeurs ont été perdus qu'il faut les reconquérir. Vingt-cinq millions de Français excédés préfèrent s'exclure du corps civique plutôt que d'être complice de la mascarade électorale : ce sont eux qu'il faut convaincre. Pour cela, notre devoir est de retrouver les voies d'un discours national, social et radical, non parce qu'il est celui que les gens attendent, mais parce qu'il est celui qu'ils doivent entendre, parce qu'il est le nôtre, celui de notre combat.

Erwin Vétois.



1Le rejet du système par une part grandissante du peuple français s'illustre parfaitement par les taux d'abstention des cinq élections régionales : en 1986, le taux d'abstention n'était que de 22,1%, passant à 31,4% en 1992, 42,3% en 1998, 39,2% au premier tour en 2004, pour arriver aujourd'hui à 53,7%.
2Jean-Marie Le Pen était crédité de 14% dans le dernier sondage TNS-Sofres en 2007, 16% pour le l'IFOP et 16,5% pour le CSA et ne réalisa finalement que 10,4%.
3Les derniers sondages s'établissaient à 8,5% pour TNS/Sofres, 9,5% pour le CSA, 9% pour l'IFOP et OpinionWay ; le Front national a finalement totalisé 11,4%.
4En pourcentage, seule l'élection de 1986, il y a 24 ans, était plus faible.

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