VICTOIRE DES ABSTENTIONNISTES, DÉROUTE SARKÖZYSTE
Pour
la première fois à des élections régionales, le nombre des
abstentionnistes (53,7%1
des inscrits) a dépassé celui des votants, révélant la fracture
grandissante séparant le pays légal du pays réel. Les
abstentionnistes étaient 15,5 millions en 2004 ; 23,4 millions ont
été comptabilisés en 2010. Tous les camps politiques ont perdu des
voix : 1 516 171 pour l'opposition nationale, 2 630 252
pour la droite du système, 390 730 pour la gauche et 537 029
pour l'extrême gauche.
Les
causes du désastre subit par l'UMP sont innombrables, entre les
multiples scandales de la tribu Sarközy et l'échec total du
gouvernement en matière migratoire, sécuritaire et économique, la
politique anti-française de la HALDE, l'arrogance des grands
financiers ou le scandale des pédophiles au gouvernement. Avec ses
satellites, l'UMP récolte au premier tour 31,5% des voix, le plus
mauvais score de la droite libérale avec les élections européennes
de 1999. La tête de liste nationale était déjà Sarközy qui
essuie à nouveau un cinglant désaveu
personnel. Échec partagé par le gouvernement dont tous les
ministres-candidats sont largement battus.
Avec
50,2% (contre 41,7% en 2004), le succès de la gauche paraît total.
Il ne s'agit que d'une victoire en trompe-l'œil. Vote de dépit,
obtenu grâce à l'instrumentalisation de la cause écologiste,
dernière mystification du système pour leurrer le peuple, ces
résultats cachent à peine les querelles de personnes, le poids de
l'extrême gauche et les divisions de tous ordres.
LES TENTATIONS INDÉPENDANTISTES
Les
quelques listes indépendantistes et autonomistes totalisent au
niveau national moins de 150 000 voix. En Bretagne, allié à
l'Alliance écologiste indépendante (où se retrouvent, entre
autres, Waechter, Francis Lalanne ou le millionnaire Governatori), le
Parti Breton réalise 4,3%, et seulement 2,1% à Nantes. La stratégie
de liste commune avec le pourtant très déraciné Cohn-Bendit et
Europe Écologie paye pour l'Union démocratique bretonne qui obtient
grâce à cette alliance écolo-gauchiste 4 élus.
Dans
le Pays Basque historique, "Euskadi Europan" réalise 6,7%
(6 306 voix) (3,1% pour l'ensemble du département des
Pyrénées-Atlantiques et 0,7% au niveau régional). La surprise est
venue de Corse, où les listes autonomistes et indépendantistes
totalisent 27,8% au premier tour. Ce succès est d'autant plus
remarquable qu'elles ne réalisaient que 14,9% en 2004 (36 300
suffrages contre 20 600) et fait de la Corse un cas unique en
France.
Une
critique fondée peut – et doit – exister à l'égard de la
République et de ses méfaits contre la France et ses habitants.
Personne cependant ne peut se méprendre sur la réalité que
recouvre ces listes. Sous le vernis d'une lutte enracinée, elles
obéissent aux mêmes contre-valeurs et faux principes que la
République. Au-delà de mesures de bon sens inhérentes à la
défense des patries charnelles, leur soumission à la technocratie
européenne et leur convergence anti-nationale est édifiante.
L'attachement à une terre, aussi sincère soit-il, n'est gage de
rien s'il n'est pas intégré à un ensemble de principes et de
valeurs à même d'en éclairer l'origine et d'en assurer l'avenir.
L'ÉCHEC "IDENTITAIRE"
La
stratégie du Bloc identitaire s'est achevée à Nice dans ce qui
aurait du être l'élection phare de ces "régionalistes".
Unis avec Bompard dans une liste dont il prétendait être le moteur,
"Nissa Rebela" n'obtient dans le Comté de Nice historique
que 3 000 voix. Avec moins de 2,3% des suffrages exprimés, il
s'agit d'un résultat inférieur même à la moyenne régionale de
cette liste. Dans ce même Comté, le FN dépasse lui les 23%.
L'échec
est plus terrible encore en Languedoc-Roussillon où Richard Roudier
végète à 0,68%. Rallié à l'identitarisme, Alsace d'Abord perd de
son côté plus du 3/5e de ses voix en 6 ans, tombant sous la barre
des 5%.
L'OPPOSITION SOCIALE ET NATIONALE
Au
sein de la droite nationale, les listes hors Front national
obtiennent des fortunes diverses, aucune ne dépassant les 4%. Pour
le Parti de la France, Fernand Le Rachinel recueille 3,7% en
Basse-Normandie et Jean Verdon 3,6% dans la région Centre. Les
autres listes, sous la bannière « Non aux minarets »
(Mouvement national Républicain, PDF et Nouvelle droite populaire)
ou Parti de la France seul, obtiennent 3% en Lorraine, 2,5% en
Franche-Comté, 2% en Picardie, 1,5% en Haute-Normandie et 0,7% en
Languedoc-Roussillon. L'hétéroclite combinaison autour de Bompard
totalise 2,7% en Provence-Alpes-Côte-d'Azur.
L'échec
des sondeurs à quantifier le vote Front national est à nouveau
apparu au grand jour. Si en 2007 le score d'un Front national
déstabilisé par une stratégie chaotique avait été surévalué de
3 à 6% par les sondeurs2,
il s'est révélé en mars dernier supérieur de plus de 2% par
rapports aux derniers sondages3.
Nous
devons nous réjouir des résultats du Front national, enterré bien
vite par les médiats et l'establishment politique. Il réalise 11,4%
au premier tour et des résultats significatifs dans plusieurs
régions, les plus touchées par la crise, l'immigration et la
criminalité, ces mêmes régions où se retrouvent les plus forts
taux d'abstention. Élément notable, rapporté aux situations et
traitements politiques, socio-économiques ou médiatiques bien
différents de ces régions : comparé aux élections présidentielles
de 2007, le parti à la flamme ne réalise en 2010 un meilleur
pourcentage que dans 7 régions, et trois seulement à un niveau
conséquent : la région Provence-Alpes-Côte d'Azur avec Jean-Marie
Le Pen (+6,4), le Nord-Pas-de-Calais (+3,6) et en Rhône-Alpes, où
Bruno Gollnisch fait progresser le pourcentage du Front de 3,5
points.
NATIONAL SOCIAL ET RADICAL
Il
est primordial de tirer les enseignements de ce scrutin et des
évolutions de ces dernières années. Jamais le Front national
n'avait obtenu aussi peu de voix à une élection régionale : nous
perdons 1 340 259 voix par rapport à 2004, 1 047 886
par rapport à 1998, 1 147 824 comparé à 1992 et même
429 700 comparé à 19864.
Ce constat apparaît d'autant plus accablant que la situation
politique, morale, sociale, sécuritaire et économique subie par les
Français est terrible. Conséquence de la forte baisse des résultats
par rapport à 2004, le nombre de sièges attribués au Front
national tombe de 156 à 118.
Multiplications
des petits partis, fuite des militants, des adhérents et des cadres,
cristallisation des positions sur les aspects les plus futiles : le
système rend fou ceux qu'il veut perdre quand nos efforts devraient
se concentrer contre lui. La droite nationale ne fera pas l'économie
d'une clarification générale et le choix dépasse de loin celui
d'un candidat à une élection, fut-elle présidentielle. Ce qui doit
être déterminé, ce sont des méthodes de fonctionnement, de
communication et d'engagement, c'est le choix des hommes et des
valeurs qui nous guident, ce qui relève du discutable et ce qui est
irrévocable.
Les
périls sont tels que l'union de ceux qui veulent poursuivre
l'édification de notre nation est impérieuse. Elle se réalisera
autour d'un programme et de principes qui ne changent pas au gré de
modes ou de sondages et d'hommes qui ne courent pas après les
leurres jetés par le système pour les éloigner toujours plus de la
racine du mal. Ceux qui se complaisent dans l'autosatisfaction
permanente peuvent se réjouir quoi qu'il arrive, fausse victoire
électorale après fausse victoire médiatique. Mais, comme ceux qui
croient le système réformable et en adoptent les tares et les
vices, ils s'aperçoivent qu'ils se trompent, quand ils ne s'y sont
pas dévoyés.
Plusieurs
centaines de milliers d'électeurs ont été perdus qu'il faut les
reconquérir. Vingt-cinq millions de Français excédés préfèrent
s'exclure du corps civique plutôt que d'être complice de la
mascarade électorale : ce sont eux qu'il faut convaincre. Pour
cela, notre devoir est de retrouver les voies d'un discours national,
social et radical, non parce qu'il est celui que les gens attendent,
mais parce qu'il est celui qu'ils doivent entendre, parce qu'il est
le nôtre, celui de notre combat.
Erwin
Vétois.
1Le
rejet du système par une part grandissante du peuple français
s'illustre parfaitement par les taux d'abstention des cinq élections
régionales : en 1986, le taux d'abstention n'était que de
22,1%, passant à 31,4% en 1992, 42,3% en 1998, 39,2% au premier
tour en 2004, pour arriver aujourd'hui à 53,7%.
2Jean-Marie
Le Pen était crédité de 14% dans le dernier sondage TNS-Sofres en
2007, 16% pour le l'IFOP et 16,5% pour le CSA et ne réalisa
finalement que 10,4%.
3Les
derniers sondages s'établissaient à 8,5% pour TNS/Sofres, 9,5%
pour le CSA, 9% pour l'IFOP et OpinionWay ; le Front national a
finalement totalisé 11,4%.
4En
pourcentage, seule l'élection de 1986, il y a 24 ans, était plus
faible.
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