VICTOIRE DES ABSTENTIONNISTES, DÉROUTE SARKÖZYSTE
Pour la première fois à
des élections régionales, le nombre des abstentionnistes (53,7%) a
dépassé celui des votants, révélant la fracture grandissante
séparant le pays légal du pays réel. Tous les camps politiques ont
perdu des voix : 1 516 171 pour l'opposition nationale,
2 630 252 pour la droite du système, 390 730 pour la
gauche et 537 029 pour l'extrême gauche.
Les causes du désastre
subit par l'UMP sont innombrables, entre les multiples scandales de
la tribu Sarközy et l'échec du gouvernement en matière migratoire,
sécuritaire et économique, la politique anti-française de la HALDE
ou l'arrogance des grands financiers. Avec ses satellites, l'UMP
récolte au premier tour 31,5% des voix, le plus mauvais score de la
droite libérale avec les élections
européennes de 1999. La tête de liste nationale était déjà
Sarközy qui essuie à nouveau un cinglant désaveu personnel. Échec
partagé par le gouvernement dont tous les ministres-candidats sont
largement battus.
Avec
50,2%, le succès de la gauche paraît total. Il ne s'agit que d'une
victoire en trompe-l'œil. Vote de dépit, obtenu grâce à
l'instrumentalisation de la cause écologiste, ces résultats cachent
à peine les querelles de personnes, le poids de l'extrême gauche et
les divisions de tous ordres.
LES TENTATIONS INDÉPENDANTISTES
Les quelques listes
indépendantistes et autonomistes totalisent au niveau national moins
de 150 000 voix. En Bretagne, allié à l'Alliance écologiste
indépendante, le Parti Breton réalise 4,3%, et seulement 2,1% à
Nantes. La stratégie de liste commune avec le pourtant très
déraciné Cohn-Bendit et Europe Écologie paye pour l'Union
démocratique bretonne qui obtient 4 élus.
Dans le Pays Basque
historique, "Euskadi Europan" réalise 6,7% (3,1% pour les
Pyrénées-Atlantiques et 0,7% au niveau régional). La surprise est
venue de Corse, où les listes autonomistes et indépendantistes
totalisent 27,8% au premier tour. Ce succès est d'autant plus
remarquable qu'elles ne réalisaient que 14,9% en 2004 et fait de la
Corse un cas unique en France.
Une critique fondée
peut – et doit – exister à l'égard de la République et de ses
méfaits contre la France et ses habitants. Personne cependant ne
peut se méprendre sur la réalité que recouvre ces listes. Sous le
vernis d'une lutte enracinée, elles obéissent aux mêmes
contre-valeurs et faux principes que la République. Au-delà de
mesures de bon sens inhérentes à la défense des patries
charnelles, leur soumission à la technocratie européenne et leur
convergence anti-nationale est édifiante. L'attachement à une
terre, aussi sincère soit-il, n'est gage de rien s'il n'est pas
intégré à un ensemble de principes et de valeurs à même d'en
éclairer l'origine et d'en assurer l'avenir.
L'ÉCHEC "IDENTITAIRE"
La stratégie du Bloc
identitaire s'est achevée à Nice dans ce qui aurait du être
l'élection phare de ces "régionalistes". Unis avec
Bompard dans une liste dont il prétendait être le moteur, "Nissa
Rebela" n'obtient dans le Comté de Nice historique que 3 000
voix. Avec moins de 2,3% des suffrages exprimés, il s'agit d'un
résultat inférieur même à la moyenne régionale de cette liste.
Dans ce même Comté, le FN dépasse lui les 23%.
L'échec est plus
terrible encore en Languedoc-Roussillon où Richard Roudier végète
à 0,68%. Rallié à l'identitarisme, Alsace d'Abord perd de son côté
plus du 3/5e de ses voix en 6 ans, tombant sous la barre des 5%.
L'OPPOSITION SOCIALE ET NATIONALE
Au sein de la droite
nationale, les listes hors Front national obtiennent des fortunes
diverses, aucune ne dépassant les 4%. Pour le Parti de la France,
Fernand Le Rachinel recueille 3,7% en Basse-Normandie et Jean Verdon
3,6% dans la région Centre. Les autres listes, sous la bannière
« Non aux minarets » (Mouvement national Républicain,
PDF et Nouvelle droite populaire) ou Parti de la France seul,
obtiennent entre 3% et 0,7%. L'hétéroclite combinaison autour de
Bompard totalise 2,7% en Provence-Alpes-Côte-d'Azur.
Nous devons nous réjouir
des résultats du Front national, enterré bien vite par les médiats
et l'establishment politique. Il réalise 11,4% au premier tour et
des résultats significatifs dans plusieurs régions, les plus
touchées par la crise, l'immigration et la criminalité, ces mêmes
régions où se retrouvent les plus forts taux d'abstention. Élément
notable, rapporté aux situations et traitements politiques,
socio-économiques ou médiatiques bien différents de ces régions :
comparé aux élections présidentielles de 2007, le parti à la
flamme ne réalise en 2010 un meilleur pourcentage que dans 7
régions, et trois seulement à un niveau conséquent : la région
Provence-Alpes-Côte d'Azur avec Jean-Marie Le Pen (+6,4), le
Nord-Pas-de-Calais (+3,6) et en Rhône-Alpes, où Bruno Gollnisch
fait progresser le pourcentage du Front de 3,5 points.
NATIONAL SOCIAL ET RADICAL
Il est primordial de
tirer les enseignements de ce scrutin et des évolutions de ces
dernières années. Jamais le Front national n'avait obtenu aussi peu
de voix à une élection régionale : nous perdons 1 340 259
voix par rapport à 2004, 1 047 886 par rapport à 1998,
1 147 824 comparé à 1992 et même 429 700 comparé à
1986. Ce constat apparaît d'autant plus accablant que la situation
politique, morale, sociale, sécuritaire et économique subie par les
Français est terrible. Conséquence de la forte baisse des résultats
par rapport à 2004, le nombre de sièges attribués au Front
national tombe de 156 à 118.
Multiplications des
petits partis, fuite des militants, des adhérents et des cadres,
cristallisation des positions sur les aspects les plus futiles : le
système rend fou ceux qu'il veut perdre quand nos efforts devraient
se concentrer contre lui. La droite nationale ne fera pas l'économie
d'une clarification générale et le choix dépasse de loin celui
d'un candidat à une élection, fut-elle présidentielle. Ce qui doit
être déterminé, ce sont des méthodes de fonctionnement, de
communication et d'engagement, c'est le choix des hommes et des
valeurs qui nous guident, ce qui relève du discutable et ce qui est
irrévocable.
Les périls sont tels
que l'union de ceux qui veulent poursuivre l'édification de notre
nation est impérieuse. Elle se réalisera autour d'un programme et
de principes qui ne changent pas au gré de modes ou de sondages et
d'hommes qui ne courent pas après les leurres jetés par le système
pour les éloigner toujours plus de la racine du mal. Ceux qui se
complaisent dans l'autosatisfaction permanente peuvent se réjouir
quoi qu'il arrive, fausse victoire électorale après fausse victoire
médiatique. Mais, comme ceux qui croient le système réformable et
en adoptent les tares et les vices, ils s'aperçoivent qu'ils se
trompent, quand ils ne s'y sont pas dévoyés.
Plusieurs centaines de
milliers d'électeurs ont été perdus qu'il faut les reconquérir.
Vingt-cinq millions de Français excédés préfèrent s'exclure du
corps civique plutôt que d'être complice de la mascarade
électorale : ce sont eux qu'il faut convaincre. Pour cela,
notre devoir est de retrouver les voies d'un discours national,
social et radical, non parce qu'il est celui que les gens attendent,
mais parce qu'il est celui qu'ils doivent entendre, parce qu'il est
le nôtre, celui de notre combat.
Erwin Vétois.
(Publié dans Droite Ligne, n° 3, mai 2010, en ouverture du dossier "Etat des lieux après les régionales : une seconde révolution nationale !", avec les contributions de Pierre Parcheminier, André Gandillon, Yvan Benedetti et Jean-Marie Le Pen)
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